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Vers une nouvelle forme de dialogue pour la sécurité des sociétés islamiques

20e conférence du Conseil suprêmes des affaires islamiques - Le Caire
16 mars 2008

Il m’est difficile d’aborder aujourd’hui tous les éléments qui pourraient assurer la sécurité dans les sociétés islamiques, le temps nous est compté. C’est pourquoi je mettrai l’accent sur un de ces éléments, à savoir la relation entre les Musulmans et l’autre.

Dans le Coran, Dieu demande aux Musulmans d’être bons envers l’autre. Il leur demande d’éviter les conflits avec les adeptes des autres religions. Ainsi, parlant de la meilleure façon de traiter l’autre, nous devons utiliser le langage de la sincérité, forme de dialogue que je pratique depuis plus d’un quart de siècle.

On serait en droit de se demander « à quoi a servi ce dialogue, est-il fructueux » ? Force est de reconnaitre que ce qui a été achevé est bien loin des résultats escomptés. Il se peut que ce genre d’autocritique indispose certains de mes compagnons du dialogue. Il n’en reste pas moins que nous devons changer le langage du dialogue avant que ceux qui nous entourent perdent espoir face à la cruauté généralisée et aux attaques violentes contre l’Islam.

Certains de nos collègues au sein du comité du dialogue ont contribué à développer de nouvelles approches pour le dialogue et notamment l’Ambassadeur Fathi Marei, l’Ambassadeur Nabil Badr, Dr. Zeinab Radwan, Dr. Taysir Mandour et Dr. Fathi Amer. Quelles sont donc les grandes lignes de ce nouveau langage?

1.Nous ne devons pas avoir peur de l’autocritique et admettre que nous n’avons pas encore réussi à diffuser le message du dialogue des élites aux masses.

2. Lorsque nous parlons du dialogue et de la paix, nous ne devons pas omettre de les associer à la justice. Le dialogue est inséparable de la paix et la paix est inséparable de la justice. Dans ce sens, je dis aux compagnons du dialogue que, lorsque nous cherchons une nouvelle forme plus efficace de dialogue, nous devons admettre que le dialogue ne portera ses fruits qu’en n’hésitant pas à déplaire, si nécessaire, à nos pairs, pour se prononcer pour la vérité et la justice.

3. Pour faire le lien entre dialogue et coexistence, l’échange culturel est fondamental, car le manque de connaissance de la culture de l’autre ne peut conduire qu’à l’affrontement et au conflit. C’est la raison pour laquelle on ne peut séparer le dialogue des religions du dialogue des cultures. Nous sommes reconnaissants à la présidence avisée de la 20e Conférence du Conseil suprême des affaires islamiques d’avoir choisi de discuter du thème du dialogue interreligieux et de la coopération interculturelle, lors de l’un des séminaires tenu en parallèle à cette conférence.

4. Ces dernières années, il est devenu évident que certains points de désaccord sont apparus entre l’Islam et l’occident, car certain medias occidentaux ont dépassé les limites de la décence en portant atteinte aux valeurs des autres, en particulier au caractère sacré des symboles islamiques. Pour y faire face, nous devons créer des liens de confiance entre les pays islamiques et l’Occident de façon à éviter un «dialogue de sourd». C’est le thème du second séminaire organisé par le président du conseil, le ministre Hamdy Zaqzouq. En tant que président du comité du dialogue, j’en ai assuré la coordination avec nos éminents participants venus d’Occident et les personnalités islamiques présentes.

5. En ce qui concerne les medias, je propose que nous organisions un troisième séminaire pour discuter des moyens de coopération que les pays islamiques et occidentaux pourraient mettre en pratique pour encourager le respect des valeurs religieuses et culturelles. De ces échanges, une table ronde rassemblant des experts des medias occidentaux et islamiques pourrait déterminer les moyens de concilier liberté d’expression et protection des droits des autres à voir leurs croyances et symboles respectés.

Pour conclure, je voudrais ajouter que dans ce monde d’agressivité et de confrontations accrues, je crois sincèrement qu’il n’y a pas de conflit entre les religions. Ce conflit vient plutôt de la rivalité entre les groupes politiques qui prennent la religion en otage pour contrôler ses adeptes et écraser leurs adversaires politiques