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Mar292012

Al Azhar et le Vatican : La demande d’indulgence, un document jusqu’ici non diffusé

Al Ahram, 14/05/2010

Avant la lecture de ce document, il m’importe de mettre au clair les vérités suivantes :

Premièrement : Ce document a été rédigé le 27 mars 2000 après consultation du texte officiel complet du discours de Sa Sainteté Jean-Paul II à l’église St Pierre, le 12 mars 2000 sur la contrition et l’absolution. Ce discours nous est parvenu, confirmé par l’Institut du Vatican, le 25 mars 2000. Juste après la lecture du Document, le Comité du Dialogue d’Al-Azhar a demandé officiellement au Conseil Pontifical pour le Dialogue Interreligieux d’ajouter à l’ordre du jour du comité mixte d’Al-Azhar et du Vatican, comme convenu l’année précédente, la discussion de notre requête d’évaluation objective de l’Histoire des Croisades et le degré de préjudice porté aux peuples musulmans à l’époque.

Deuxièmement : J’abhorre l’orgueil mais aussi l’humilité excessive au détriment de la vérité et de la réalité. C’est à partir de ce concept que j’affirme avoir joué un rôle principal pour parvenir à un accord entre Al-Azhar et le Vatican en mai 1998. Ceci a exigé quatre ans d’efforts déployés, suite à la rencontre avec l'Imam d’Al-Azhar le défunt Cheikh Gad-el-Haqq Ali Gad-el-Haqq – à Berne en 1994. Il s'y trouvait pour traitement médical – en compagnie du Père spirituel du dialogue pour l’Église (catholique), le Cardinal Koenig. Deux séances ont marqué leur dialogue. Elles durèrent sept heures et le Cardinal Koenig clôtura en ces termes : "Je n’ai aucun poste exécutif dans l’Église, je ne suis qu’un membre du Conseil des Cardinaux et je vous dis que le dialogue a de nombreux buts et avantages. A mon avis personnel, c'est la voie par laquelle on arrive au regret pour demander le pardon de tous les préjudices portés aux Musulmans lors des Croisades".

Troisièmement : Mes efforts personnels n’auraient pu donner de résultats dans ce domaine, sans le parrainage lucide et positif pour le dialogue de la part du Grand Imam, Cheikh Al-Azhar, Dr Mohammad Sayed Tantawi et les efforts de son Éminence Cheikh Fawzi Al-Zefzaf, représentant d’Al-Azhar et Président du Comité Permanent d’Al-Azhar pour le Dialogue Interreligieux et ses éminents Professeurs.

Quatrièmement : Nombre d’autres personnes ayant un rôle spécifique m’ont devancé sur le chemin du dialogue islamo-chrétien. D’autres en ont été mes contemporains qui ont beaucoup donné. Le jour nous rencontrerons le Seigneur, le processus continuera car Dieu a dialogué avec son Prophète qui, à son tour, a dialogué avec son entourage, et Dieu et le Prophète ont dialogué avec leurs serviteurs musulmans. Suite au document et aux contacts mis en œuvre par la Commission permanente d’Al-Azhar pour le Dialogue entre les religions :

1 - Le Cardinal Arinze, Président du Conseil Pontifical pour le Dialogue Interreligieux, a décrit ce document historique, comme le premier du genre, car il est établi que jamais, par le passé, une Institution islamique n’a présenté une telle requête.

2 - Le Conseil Pontifical pour le Dialogue Interreligieux nous a informés, avant que nous ne quittions Rome, le 26 mars 2000, qu’il a fait remonter le mémorandum de la Commission Permanente d’Al-Azhar demandant la contrition et l’indulgence vers la Commission Centrale Suprême du Millénaire du Vatican, afin que celle-ci examine la question avec ouverture et fraternité en vue de purifier les mémoires et de préparer pour l’avenir une réconciliation et une coopération réelles.

3 - À la Commission de coordination entre institutions officielles islamiques pour le Dialogue des Religions de demander aux responsables au sein de ces institutions, en Jordanie, en Arabie Saoudite et au Maghreb, d’adopter une position identique. Je me permets même, selon une opinion strictement personnelle, d’affirmer que le geste de la Faculté des Sources Religieuses, à l’Université d’Al-Azhar, peut être considéré comme un pas dans le bon sens, même si je suis en désaccord avec ces frères en ce qui concerne la méthode. Mon principe, dès le début, étant de « rassembler et non de diviser ».

Il y aurait un rôle à jouer par les États musulmans dans cet acte – qui vise à combler un désir général des peuples (musulmans) à obtenir du Vatican la satisfaction de leur droit légitime à des regrets et à une indulgence - pour ce qui est du rôle joué par les États musulmans, je n’en parlerai pas puisqu’il s’agit d’une question politique qui ne nous regarde pas. Si nous tenons au principe de la Vérité, toute la Vérité, je dis sincèrement : « ne nous attendons à aucune réaction ».

Les Juifs ont manœuvré avec leurs manières habituelles retors, pour obtenir notre place unique dans ce Document sur la contrition et l’indulgence. Y aurait-il égalité entre ceux qui désirent et ceux qui ne désirent pas ? Rassurons-nous : « Aucun droit ayant des exigences ne sera négligé ».