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Mar292012

Les significations de la restauration de la synagogue égyptienne : Le Haut Conseil des Antiquités donne au monde entier une image unique en son genre

Al Akhbar, 12/11/2007
Vu les divers événements qui se déroulent en Egypte, on ne prête plus attention à un sujet limité, mais toutefois d'une grande importance sur le plan mondial. 
J'ai été invité par Madame Carmen Weinstein, Présidente de la communauté juive du Caire - qui est toujours fière de sa nationalité égyptienne et de sa religion juive - à assister à une cérémonie à l'occasion de l'achèvement des travaux de restauration de la synagogue égyptienne, construite en 1906. A l'époque elle portait le nom de " Shaar Hashamam" en Hébreu, puis " Synagogue Ismaïlia" du nom du Khédive Ismaïl. Actuellement, elle est connue sous le nom de " Synagogue Adly" du nom de la rue " Adly" et " Adly Yaken Pacha".
En entrant  à la synagogue avec le Général Ahmed Fahmy – qui a joué un rôle très important au moment de " Camp David" notamment dans le domaine des passeports - maintes surprises nous attendaient : 
1ére surprise :
  
Le haut niveau des travaux de restauration de cette synagogue considérée comme une partie du patrimoine  d'Egypte, terre des " Trois religions", où les croyants ont pu trouver la sécurité et la paix, auprès des Egyptiens connus pour leur tolérance. 
A mes côtés, se trouvaient des archéologues qui ont participé á cette restauration avec expertise et un goût très raffiné, Docteur Mokhtar El-Kassabany, Professeur à la Faculté d'Archéologie et consultant du Secrétaire Général du Haut Conseil d'Antiquités, Docteur Gamal Abdel-Rahim et Professeur Docteur Hussein Ramadan. 
Cet héritage égyptien, ainsi que les travaux de restauration, représentent une source de fierté pour les archéologues d'Égypte, prouvant ainsi la capacité et la science des Egyptiens.  
2éme surprise : 

Le contenu des discours donnés qui prouvent la haute conscience envers l'intérêt et la bonne image d'Égypte, des principes qui ont incité Docteur Zahi Hawass, Président du Haut Conseil des Antiquités, à prendre en charge les frais de la restauration , refusant tout genre de subventions ou aides étrangères, affirmant ainsi, le principe qui dit que :"l'Histoire d'Égypte est un corps unique qui ne peut pas être divisé", et que l'Égypte terre de sublimité et d'authenticité ne connait pas le racisme, et avec cette œuvre et la préservation de  la synagogue, l'Égypte a pu donner un bon exemple de l'expression "Citoyenneté".
Madame Carmen Weintein, Présidente de la communauté juive du Caire,  a exprimé sa fierté de sa nationalité égyptienne, et a dédié la nouvelle image de la synagogue aux ambassadeurs des pays du monde entier le 30 octobre, et ce, grâce à l'Egypte, au Président d'Égypte et au Président de tous les Egyptiens et le Président du Haut Conseil des Antiquités. 
3ème surprise :
  
Entendre personnellement les ambassadeurs des Etats Unis, des pays européens et du Vatican féliciter l'Égypte pour son travail remarquable, symbole de messages de grande portée morale, et garder dans ma mémoire leurs paroles qui exprimaient leur estimation profonde pour les efforts déployés par le Président de la République qui a réussi à donner, au monde entier, une image réelle de la citoyenneté en Égypte, terre des trois religions.
Et je garde aussi les paroles de mon ami et partenaire dans le parcours du dialogue interreligieux pendant dix ans, l'Ambassadeur du Vatican, son Eminence Monseigneur Michael Fitzgerald, qui était ému en exprimant sa joie pour la réussite de la tolérance, la modération et du juste milieu de l'Égypte contre le fanatisme et la généralisation des jugements.
4ème surprise :

Une autre signification derrière la restauration de la synagogue avec des fonds et des moyens purement égyptiens, est la conviction des Sages  en Egypte de la non-généralisation des jugements, et leurs refus de considérer les Juifs d'Egypte comme les Israéliens qui refusent la paix et la tolérance, et que les Juifs en Egypte sont des citoyens comme tout autre citoyen égyptien, protégé par sa citoyenneté.
Et parlant du principe de la non-généralisation des jugements, je me souviens d’une étude que j’ai faite avec Sheikh Fawzy El Zefzaf, ancien Président du Comité Permanent du Dialogue Interreligieux au sein d'Al Azhar, avant que le Vatican ne l'adopte et l'intègre dans le programme de l’Institut du Vatican pour les études théologiques.
Me référant à ce que j'ai vécu durant toute ma vie,  je m’arrête pour un moment de réflexion pour mettre en avant l’importance du refus de la généralisation des jugements et penser qu’il est incorrect de condamner tous les Musulmans à cause des crimes de Ben Laden, de condamner tous les Chrétiens à cause des paroles de Sa Sainteté le Pape du Vatican ou de condamner tous les Juifs à cause des crimes des Israéliens contre les Palestiniens. 
Dans ce concept, je citerai  des exemples de personnalités juives que j’ai rencontrées durant ma vie, pour comprendre l’importance du refus de la généralisation des jugements :
J’ai connu pour une longue période, durant les  années soixante-dix, Bruno Kreiksy, le Chancelier d’Autriche, qui était le premier chef d’état européen à avoir ouvert grandes les portes de son pays au  Président Yasser Arafat, malgré la colère d’Israël. 
Je me souviens de ses paroles dans l'un de ses interviews avec une des chaînes de télévision israélienne, lui transmettant la colère du peuple israélien de permettre à Yasser Arafat d'accéder à l'Europe par l'Autriche, en lui demandant: "Comment ne pas accepter le principe de sympathie inconditionnelle, en tant que juif, avec la politique d'Israël?". Il a répondu avec un sens d’humour: " c'est par hasard que je suis né Juif", signifiant par là qu’il aurait pu naître avec une autre croyance.
Le Chancelier Bruno Kreisky est resté pour des années un ami du martyr palestinien Essam EL-Sartawy, qui a choisi la paix comme un choix stratégique et qui a payé cher sa fidélité à ses principes quand il a été tué par des fanatiques dans la capitale portugaise.
Comment puis-je oublier André Ullman, qui était au camp nazi "d'Auschwitz", propriétaire du journal «La Tribune des Nations », où j’ai travaillé durant les années soixante. Il n’a jamais refusé de publier un article dans son journal qui défendait le "Droit des Arabes". Il était un ami proche du Président Français, Général de Gaulle, le premier à accepter la réconciliation franco-allemande et à ignorer le passé pour la reconstruction de l’Europe.
Dans les années soixante, après la défaite de 1967, à la recherche d'un éditeur qui accepte de publier une série de livres qui défendaient le droit des Arabes, La maison d’édition Cujas a osé s'engager avec moi, en tant que représentant de l'Information Egyptienne, engagement qui permettait de signer des contrats avec quelques écrivains qui s'intéressaient à la question et au conflit Israélo-arabe. 
Et je me souviendrai toujours,  du Rabbin Levni  qui a accepté de publier une étude intitulée "Judaïsme contre Sionisme”, où il  défendait le droit palestinien. Négociant avec lui ses droits financiers, comme tout éditeur,  il a refusé toute proposition en me disant «je n’accepte pas qu'on me paye  pour mes écrits en faveur de la justice et du droit".
Comment puis-je oublier le rôle de Pierre Mendes-France, ancien Premier Ministre français, qui épousa une Juive égyptienne de la famille Cicurel, premier responsable français à avoir défendu l’indépendance de la Tunisie. C'est lui qui a pris la décision du retour du souverain  Mohamed V de l'exil, et s’est aussi opposé à l’attaque tripartite contre l’Egypte.
Je me rappelle aussi du rôle qu'a joué l’avocat Theo Klein, ancien Président du Conseil Représentatif des Institutions Juives de France (C.R.I.F), participant, avec le Directeur du bureau de la Ligue Arabe en France,  à la rédaction du livre qui traitait du droit commun des Palestiniens et des Israéliens à un Etat souverain. Et il a même écrit un autre livre où il a attaqué fortement Sharon, ancien Premier Ministre Israélien, pour avoir laissé échapper les occasions de paix.
 
Il me reste en mémoire une personnalité distinguée, Sir Sigmund Warburg,  Président de l'une  des plus grandes banques d'Europe, qui a refusé de séparer affaires et éthiques. Après sa rencontre à Paris avec le Président Sadate dans les années soixante-dix, il a  déployé durant une année tous ses efforts pour l’établissement de son projet "Plan Marshall" en faveur de l’économie égyptienne. Il avait une philosophie qui disait: "Nous devons aider le peuple égyptien à établir un lien entre  paix et développement ", hélas, il est décédé avant d’offrir à l’Egypte son  cadeau de Paix.
Je n’oublierai jamais le rôle qu'a joué le mouvement " Peace Now" fondé par Yossi Belin et financé principalement par Karl Kahane, propriétaire de la banque autrichienne Montana, suite à la demande de son ami Bruno Kreisky. Les membres de ce mouvement descendaient souvent dans les rues en Israël pour protester contre l’agressivité envers les Palestiniens. Ils se sont affrontés à maintes reprises à la brutalité exercée par la police israélienne. Et malgré la minorité de ce mouvement, il est immoral de dévaloriser son  rôle et ses efforts, comme si on l'a puni de ses pouvoirs limités. 
  
Rencontrant  Yossi Belin à Paris, à la fin des années soixante-dix, il m'a demandé de rencontrer une personnalité palestinienne et je l’ai présenté au martyr palestinien Essam EL-Sartawy. Ils ont pu collaborer ensemble pour établir une paix israélo-palestinienne, une paix qui n’a pu être réalisée à ce jour.
Yossi Belin est devenu, après, Ministre de la Justice au sein du gouvernement israélien, mais il a quitté son poste à cause du fanatisme israélien, se privant ainsi d'une chance de réussite aux élections.
Pour conclure, j'ai donné ces modèles de personnalités juives que j’ai connues, pour prouver l’importance de la non-généralisation des jugements.
En effet, Je me remémorais tout cela durant la cérémonie tenue à l’occasion de l’achèvement des travaux de restauration de la synagogue et je pensais en toute fierté à tous ces éléments passés. 
Félicitations aux hommes sages auprès des décideurs au sein du Haut Conseil des Antiquités.
Félicitations au Président Hosni Moubarak qui a offert à l’Egypte l’idée de la "Citoyenneté" pour qu’elle devienne une partie de la constitution égyptienne.